dimanche 15 juin 2014

On the road

Un article pour relater un voyage entre Pamiers (09) et Martigues (13) début mai.
Où l'on considèrera les avantages et inconvénients de la remorque.


Le départ de Pamiers se fait le 30 avril vers 16 h, direction Carcasonne. J'étais accompagné de mon grand frère également équipé d'une remorque monoroue de sa construction. Le plan était qu'il m'accompagnerait jusqu'à mi-chemin(Agde) et ferait demi tour tandis que je finirais seul la route.  Étant donné qu'il n'avait jamais testé son attelage avec une charge conséquente et qu'il n'aime pas vraiment côtoyer les véhicules motorisés sur la route, on avait décidé de faire cette étape (170 Km)  en un jour et demi, histoire de prendre le temps.
 Il s'est avéré sur la route que sa remorque était sans doute un peu trop haute (conception plus pensée pour les chemins à vtt) et le vélo pas adapté à la route. Résultat, un rendement assez mauvais sur le plat et le chargement qui avait tendance à balancer derrière. arrivé à Trèbes, on a décidé de tenter un bout du canal du midi, histoire de trouver un coin pour poser la tente le soir. Et là, on a vu la différence. Lui, beaucoup plus à l'aise sur le chemin de gravier à faible vitesse (en gros entre 15 et 20) et moi derrière à me faire défoncer les poignets et à galérer pour tenir ma remorque, sans compter que je priais pour qu'aucun de mes trois pneus ne se retrouve éventré. Bref, passé 7 ou 8 kilomètres de ce régime, on a posé la tente, et décidé de retourner sur le bitume le lendemain matin. Sur la route, pas de souci majeur. On décide d'éviter Béziers par le sud, ce qui nous amène à enchaîner quelques côtes pas piquées de vers (notamment du côté de Vendres).

Départ le lendemain matin à 6h d'Agde. En direction de sète, il faut emprunter un chemin (large) pour rejoindre la promenade qui longe les plages. Encore du gros gravier, mais sur peu de distance.

Entre Sète et Frontignan, j'emprunte la D612, un vrai bonheur, je vous le conseille si vous aimez vous sentir comme une souris au milieu d'une course de chevaux. Enfin, je rejoins des pistes plus accueillantes, et je trouve un cycliste sur la route qui m'aide à m'orienter direction Palavas.
En roulant avec ce cycliste, je me rends compte que sur du plat, la charge derrière le vélo (un peu plus de 15kg de bagages entre les matos de camping, la bouffe et le matos de chasse sous marine...) ne m' handicape pas outre mesure, je tiens sans problème le 25-27 de croisière (précisons aussi que le mistral aide)

Entre Palavas et la Grosse Motte, La départementale est interdite aux vélos. Une piste cyclable permet de faire la traversée. Devinez quoi: je passe pile au moment où des travaux interdisent l'accès aux cyclistes. Génial.
 Je commence donc à m'engager sur la départementale interdite... et puis j'avise le chantier qui me semble praticable. Je traverse un fossé, et roule tranquillement sur la piste tout neuve. Quelques passages ensablés me posent souci, et à la sortie, des barrières m'empêchent de passer, au point que je dois demander de l'aide à deux personnes pour soulever tout le bazar et le passer par dessus. À cette occasion, je réalise que la toile du fond a déjà pas mal morflé: des trous apparaissent le long du châssis. Il va falloir réfléchir à refaire quelque chose de plus solide.

Ici encore, le gros défaut lié à la spécialisation de la remorque pour la route pose souci.

Mais c'est pas grave, parce que maintenant, je traverse la camargue, et là, c'est tout simplement le pied. le mistral souffle toujours, bien orienté ouest, et me pousse tout du long ou presque. Le vélo roule le plus souvent entre 30 et 35 km/h. À cette vitesse, la remorque se comporte comme un rail, on a presque l'impression que c'est elle qui tient le vélo droit.

Le trajet Aigues mortes_salin de Giraud est vraiment superbe. À Salin, un bac doit me permettre de traverser. J'ai commis une grave erreur en évitant Arles, mais je m'en rendrai compte seulement plus tard.

La traversée du Rhone c'est sympa, et puis ensuite, on se retrouve du côté de Port saint louis, et il faut remonter la D268 pour rejoindre...la N 568 jusqu'à Port de bouc. Alors là, quelqu'un m'avait dit le matin vers la Grande Motte que c'était je cite "suicidaire" de passer par là. Mais comme la personne en question n'avait pas l'air d'en faire un fromage non plus, je ne m'étais pas posé plus de question jusque là.
Pour les gens qui sont pas de là-bas, je vais essayer de vous dresser le tableau. En gros dans les années 60, le coin n'était qu'une sorte de marais désert où ne passait aucune route. Et puis on a décidé d'installer un port pour accueillir du pétrole, enfin je crois. Bref, la zone s'industrialise à mort, et on construit une route pour rallier la nationale. naturellement, cette route est toute dédiée à nos amis les routiers qui l'empruntent tout le jour à fond de cinq, parce que voyez-vous, ils n'ont pas que ça à faire.

Si vous voyagez à vélo par là, vous vous retrouvez donc à rouler sur une sorte de bande d'arrêt d'urgence avec un gros vent de travers et vous vous prenez de bonnes baffes quand les trente tonnes vous doublent à des vitesses sans doute prohibées. De temps à autre, un carrefour est l'occasion d'aménagements: la bande d'arrêt disparaît au profit d'un trottoir assez large. Ne l'empruntez pas! le trottoir comporte de larges gouttières où le vélo ne passe pas. Contentez vous donc de serrer les fesses sur votre selle, et si vous êtes ne serait-ce qu'un peu porté sur la religion, faites en donc usage, c'est peut-être en effet le moment pour vous de procéder à une rétrospective exhaustive de vos péchés en vue du passage sur l'autre rive.
Le carrefour est passé? Priez donc pour ne pas avoir à en traverser d'autre.

De l'autre côté de la route, des travailleuses se refont une beauté. Saluez-les respectueusement; elles font vraiment un sale boulot. 
Continuez tranquillement votre chemin avec régulièrement ces machines infernales qui vous rattrapent en produisant à peu près le même son que les chasseurs de l'empire dans la guerre des étoiles. 
Sauf que vous êtes pas Luc Skywalker. Vous êtes juste un petit cyclo du dimanche avec votre matériel accroché sur une remorque à la construction hasardeuse. Vous êtes très loin de la maison, il vous reste bien trente bornes à parcourir, vous en avez...170 au compteur pour aujourd'hui.

Si vous arrivez en vue d'un énorme rond point, c'est que vous en avez fini avec cette maudite départementale. Ne vous réjouissez pas tout de suite: vous entrez sur la N 568 en direction de Marseille. 
Bienvenue dans les Bouches-du-Rhone. Comprenons-nous bien: je ne fais pas dans l'attaque personnelle à caractère régionaliste. Simplement, je n'ai pu que constater que l'itinéraire que j'avais préparé était complètement hors de propos étant donné que ce coin est purement et simplement une sorte de no man's land mécanique, où si vous ne disposez pas d'une motorisation suffisante, vous pouvez vous considérer comme inexistant.
 La route en question n'est pas interdite au vélo; il n'y en a pas d'autre. Pour pouvoir voyager dans de bonnes condition, il aurai fallu passer par Arles, puis descendre saint Martin de Crau, faire le tour par Istres...le problème étant que ça rallonge passablement le trajet.
On se plaint souvent des routes dans le sud ouest, qui ne sont pas terribles, c'est vrai, mais depuis ce bref séjour, je savoure chaque sortie sur les départementales gersoises, d'autant que les gens sont quand même moins pressés. 

Bref, vous roulez peinard sur la bande d'arrêt d'urgence de cette joyeuse quatre voies limitée à 110, avec toujours de temps en temps une rambarde qui est l'occasion de supprimer ce petit refuge où vous vous étiez coulé. Les autos et les camions ne font aucun cas de votre présence, et pour cause: vous ne devriez même pas être là! S'il vous reste encore quelques fibres nerveuses qui n'ont pas été grillées par le stress, continuez comme ça, vous y êtes presque. Sinon, je vous conseille de vous arrêter dans la première station service pour trouver et vider une canette de ces boissons énergétiques à la taurine qui font fureur. Je ne suis pas un adepte, mais j'avoue que ça se montre efficace dans les cas extrêmes.

Arrivé à Port de Bouc, on peut considérer la route comme finie. Il ne reste qu'à trouver le port de Martigues, superbe. À la fin de la journée, le compteur affiche 200 km, et 23 de moyenne. Le mistral a passablement aidé. Sur la route, je suis ravi par le comportement de la remorque.

Trois jour de repos sur et sous la mer, et même quelques poissons plus tard, il est temps de repartir vers l'Ariège.

Le pote chez qui j'étais disposant heureusement d'un véhicule assez grand, il me propose de charger mon bazar dans son coffre pour prendre la route seulement à Port Saint Louis. Devinez ce que j'ai dit. MERCI FABIEN!!!

Je repars dont pour deux étapes de 170 km chacune, avec camping à Agde au milieu. Sur le trajet Grande Motte_Palavas, je décide d'emprunter la départementale, parce que je trouve que ma remorque est assez abîmée comme ça.
Le lendemain, j'emprunte le canal entre Agde et Béziers, sur la portion goudronnée. C'est plutôt agréable mais j'avoue que je préfère partager la route avec les voitures qu'avec les piétons.

Dans le Minervois, je rencontre Shawn, en vacances pour deux mois, il roule sur son VTT surchargé depuis la Finlande jusqu'à St Jaques de Compostelle à 15 à l'heure. Comme il ne connaît pas le canal, je lui conseille d'en parcourir un bout pour rencontrer des gens, rouler peinard... On se quitte donc du côté de Trèbes.

Passé Carcassonne, la fatigue se fait sentir, un léger vent d'ouest (de l'ordre de 20 KM/H) ajoute à l'ambiance, et de beaux nuages gris couvrent le ciel ariégeois.
Il y a un bled près de Mirepoix, qui s'appelle Fanjeaux. Je vous recommande particulièrement la route à lacets qui y monte quand vous rentrez d'un long voyage, et que vous ne tenez plus que grâce aux sucres qui flottent au milieu d'un distillat douteux dont les restes alimentent les moisissures au fond de votre gourde. Un régal.

En gros, donc, les avantages de la remorque résident dans son centre de gravité extrêmement bas qui li permettent d'être très stable et d'avoir peu de prise au vent latéral et de face. Les inconvénients résident essentiellement dans le fait que son châssis soit très bas, ce qui la rend peu encline à sortir des routes goudronnées. L'absence de béquille et la longueur de l'animal sont des facteurs embarrassants à l'arrêt, mais il me semble que la longueur participe de sa stabilité exemplaire.

Sur terrain plat, aucune difficulté pour rouler sur des centaines de kilomètres, donc. Lors des montées, la dépense d'énergie est évidemment conséquente. Ceci dit, même en danseuse le poids ne m'embarque pas, ce qui permet de passer tous les obstacles (avec une transmission adéquate). Je n'ai pas parlé des descentes: J'ai pu monter au dessus de 60 sans ressentir le moindre problème, y compris dans les virages.

Du point de vue mécanique, en rentrant à la maison, j'ai mesuré l'allongement de la chaîne. Bonne à changer (+ 0.10) au bout de 1500 KM de bons et loyaux services. Aucun jeu à signaler dans les roues "vintage", rien à dire en ce qui concerne les freins.

Les soudures de la remorque ne semblent pas avoir bougé, la toile du fond sera à changer bientôt. En ce qui concerne le couvercle, le faire tenir avec du velcro n'est pas une bonne solution, surtout quand les bagages tendent trop la toile. j'envisage de coudre de gros boutons à la place.

La prochaine fois, je vous présenterai la version avec arceau et toile pour enfants, qui a déjà parcouru quelques dizaines de kilomètres.